15 Aprile 2024
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Les humains s’enfonçaient dans une mouise, il ne leur restait plus que leur force de réflexion qui les mènerait peut-être vers la survie de l’espèce. Peut-être...
Pour la gente marine, commençait une autre ère. Peut être celle du repentir, peut être celle de la terreur, peut être celle d’un cheminement vers l’anéantissement.
En tout cas le «désordre sous surveillance» du totalitarisme de Marathon Premier se terminait. La révolte longtemps contenue grondait, et il faudrait à son successeur : force, courage, appuis , pour rétablir une démocratie tranquille dans les Abysses.
Mais le monde marin souvent exsangue avait encore des ressources pour qui voulait s’en préoccuper collectivement, alors que le monde des humains était dans l’impasse et on savait qu’il leur serait difficile de reconquérir la confiance du monde des Ichtyens.
Le futur monarque quitta St-Pierre, déçu (par son héritage) avec les membres du gouvernement, lesquels ne le lâchaient pas d’une semelle, effrayés à l’idée qu’il puisse abdiquer.
Ils prirent la direction de Tanambo, lieu-dit en dessous duquel se trouvait une grotte marine, qui n’était rien de plus qu’une incontournable étape. Une station de recharge des capsules « AirPro », pareille à l’ancienne station Total de Pierrefonds qui était la station de recharge des « EauPro » ! Passage obligé donc, pour qui a l’autorisation de monter sur terre ou de descendre dans les Abysses.
Ce rite s’accomplit dans un silence quasi religieux. Mais, le retour pour eux et l’arrivée pour moi, allait se faire avec des turbulences extrêmes que personne n’avait prévues.
A un mille marin déjà, se tenait un long banc d’une espèce jusqu’alors plus que discrète parce que vulnérable : les "Pèches-Cavales ", elles étaient là arrogantes, en rang serré, et exigeaient des négociations avant de s’ouvrir pour nous laisser passer.
Puis, un mille marin plus tard, un spectacle plus effrayant s’offrit à nos yeux et stoppa net notre progression.
Devant l’ampleur de la manifestation qui se déroulait sous nos yeux, que nous ne comprenions d’abord pas, il nous fallut, nous arrêter, battre l’eau discrètement , et nous coller les uns aux autres pour rester en équilibre.
Des cris, des menaces, des bravos, des chants partisans saturaient tout l’espace marin. On ne comprenait toujours pas, mais on sentait le danger s’infiltrer en nous comme l’eau d’une crue.
Tout l’espace aquatique était un peu trouble, et en se faufilant toujours collés les uns aux autres, nous pûmes gravir un beau monticule de corail. Enfin installés plus confortablement, nous découvrîmes l’organisation et le chaos de la manifestation…
Grand Dieu quelle frayeur!
Des petites raies pastenagues équipées comme des drones passaient sans arrêt au dessus de nos têtes. Plus bas un groupe d’ados poissons clowns, le nez en l’air leur criaient, en se tordant de rire «eh j’te pisse à la raie!». Cela ne suffisait pas à nous faire retrouver un peu de légèreté.
Juste à coté de ces clowns, quatre vieux mérous, baillant aux corneilles, nous révélèrent grâce leur dos plein de parasites, et à leur bouches édentées, à quel point le monde d’entre aide et de solidarité des fonds avait pris cher.
La longue et haute bande colorés brandissant une immense banderole sur laquelle était écrit «faites comme nous, bananez-vous» était en fait des thons bananes qui se croyaient à la Gay-Pride. Pas dangereuses mais encombrantes, elles se firent repousser avec force, par une milice d’extrême droite, des nobles «Patudos» armés jusqu’aux dents et déterminés.
On apercevait au loin des groupes de pélagiques, enfin ce qu’il en restait, toujours acquis à la cause de la dynastie « bigs eyes », qui avaient même emmené leurs enfants dans ce lieux insécure; allégeance quand tu nous tient!
Au loin posées comme des rochers, quatre baleines à bosses avaient fait le déplacement, à contre cœur. Elles faisaient la gueule, l’eau beaucoup trop chaude ne leur convenait pas. Elles auraient juste voulu honorer le nouveau monarque, au nom de l’espèce, mais la poiscaille? Elles l’exécraient, les traitaient en aparté d’anthropophages, elles qui ne se nourrissaient que de Krills.
Nous n’arrivions meme pas à percevoir l’heure dans tout ce bouillon, ne comprenions pas totalement ce qui s’y passait, aussi oscillions-nous sur notre promontoire entre peur et espoir…
A suivre...
Rolande Murat
L'humour, les mots j'en fais mon affaire...La langue de bois, je ne connais pas. Fatiguée d'être censurée, j'ai décidé de faire profiter, à ceux d'entre vous qui n'ont pas peur des mots, à ceux qui sont capables d'aller au-delà d'un paragraphe de lecture, de mes pensées, de mes élucubrations.
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